Hiver arctique
Arnaldur Indridason - Hiver Arctique – Points policier – 405 P. – Traduction Eric Boury
4ème de couverture :
Comment peut-on poignarder un enfant ? Au cœur de l'hiver arctique, en Islande, un garçon d'origine thaïlandaise a été retrouvé assassiné. Il avait dix ans. Crime raciste ? Le commissaire Erlendur mène l'enquête, s'acharne et s'embourbe. Il ne comprend plus ce peuple dur et égoïste qui s'obstine à survivre dans une nature hostile. L'absurdité du mal ordinaire lui échappe…
Mon avis sur ce livre :
J'ai retrouvé avec plaisir le commissaire Erlendur et ses collègues à travers cette nouvelle enquête qui nous bouscule sur plus de 400 pages. Chronique du racisme ordinaire, crime gratuit ou crapuleux ? Qu'est-ce qui a fait que ce petit garçon est mort tout seul poignardé au pied de son immeuble ? Encore une fois, l'auteur nous emmène à travers l'Islande et nous décrit avec force détails cette société islandaise repliée sur elle-même, où l'âpreté de la nature influe sur les caractères et pèse sur les hommes. L'arrière plan social est à nouveau très présent dans ce roman et c'est ce qui me plaît particulièrement chez cet auteur, il ne se contente pas de nous entrainer de rebondissements en chausse trappes ou de détails sordides en descriptions sanglantes comme certains mais nous décrit ce monde des ouvriers, des gens ordinaires, du voisin de palier, des immigrés qui se battent pour vivre et s'intégrer dans un pays à l'opposé du leur. Certains pourraient trouver le rythme trop lent mais c'est ce que j'aime chez Indridason, il prend le temps de nous emmener fermer les portes des fausses pistes qui apparaissent au fil des pages, rien n'est laissé au hasard, aucun interrogatoire n'est oublié, aucune piste n'est secondaire… et l'auteur n'oublie pas pour autant tout ce qui fait l'humanité de ses personnages en abordant leurs problèmes personnels.
Ce roman regroupe l'ensemble des maux de nos sociétés : la solitude, l'isolement, le repli sur soi, le racisme de tous les jours, la violence sous toutes ses formes, la violence urbaine mais aussi la violence psychologique, familiale et sociale. Quels évènements ont pu conduire à la mort de ce petit garçon décrit par tous comme doux, gentil et rêveur ? A-t-il été le témoin malgré lui d'un trafic quelconque ? Etait-il victime de racket ou d'une vengeance de dealers ? Rien ne nous laisse deviner la conclusion sordide de l'enquête. La force d'Indridason réside dans sa capacité à nous emmener de façon insidieuse à toucher du bout des doigts la noirceur de l'âme humaine à travers la banalité que l'on finit par attribuer à la violence ordinaire.