Les heures
Mickael Cunningham - Les heures - 222 p. - Pocket - Traduction Anne Damour
4ème de couverture :
C'est à New York, à la fin du XXe siècle.
C'est à Londres, en 1923.
C'est à Los Angeles, en 1949
Clarissa est éditrice, Virginia, écrivain, Laura, mère au foyer.
Trois femmes, trois histoires reliées par un subtil jeu de correspondances, dont l'émouvante cohésion ne sera révélée que dans les dernières pages...
Ce livre a été couronné en 1999 par le prix Pulitzer et le prix Pen Faulkner.
Mon avis sur ce livre :
Trois destins de femmes qui se croisent au fil des pages de ce roman particulièrement émouvant et d'une intensité bouleversante. Trois femmes à un moment décisif de leur vie, surprises dans leur intimité, dans leur quotidien à trois époques distinctes et dans des contextes complètement différents. Trois femmes qui se retrouvent liées par un même livre, Mrs Dalloway de Virginia Woolf, qui interfère dans la vie de chacune d'entre elles de différentes manières et à des degrés divers : Virginia en est l'auteur, Laura mère au foyer dans les années quarante le lit et Clarissa porte le prénom de son héroïne et représente une version contemporaine de cette dernière.
C'est très difficile pour moi de résumer ce livre, tellement dense et prenant sans trop dévoiler du destin de chacune, même si l'on devine dès le début que le bonheur ne fait pas vraiment partie de leur vie. C'est un livre d'ambiance et de moments volés où le lecteur a le sentiment de passer à travers ces trois histoires en spectateur indélicat, sur la pointe des pieds... La mélancolie très présente tout au long du livre dépose sa petite musique au fil des pages à travers la personnalité de chacun des personnages. Le ton du roman, tout en retenue, esquisse doucement les sentiments et les doutes de chacune à travers leurs silences car toutes trois donnent l'impression de vivre par procuration. Virginia vit à travers ses oeuvres et son travail d'écriture, son mal-être interpelle le lecteur jusqu'à la fin comme une évidence, Laura vit à travers son mari et son enfant et Clarissa vit à travers sa reconnaissance professionnelle et sociale. Et toutes ont en commun ce sentiment de vide qui les étouffe et qu'elles n'arrivent pas à formuler vraiment.
J'ai beaucoup aimé ce livre malgré la mélancolie qui s'en dégage. Un texte où chaque histoire se reflète dans la suivante et y retrouve son propre écho. Les destins de ces femmes s'imbriquent les uns dans les autres pour former un ensemble cohérent et pleinement maîtrisé où tout prend son sens. Je n'ai pas vraiment tenté de retrouver des similitudes avec Mrs Dalloway, même si elles apparaissent régulièrement de façon assez flagrantes, notamment dans les thèmes développés par l'auteur que l'on retrouve aussi dans l'oeuvre de Virginia Woolf. Je vous laisse les découvrir par vous-même si vous choisissez de lire ces romans. C'est difficile de ne pas avoir envie de lire ou de relire Mrs Dalloway après avoir lu Les heures car on devine que les deux récits sont liés et se répondent.
Je vous invite aussi à découvrir The hours, le très beau film de Stephen Daldry avec des actrices et des acteurs formidables. Un film bouleversant et très réussi.
Et Virginia, n'avait-elle pas perçu en elle un espace vide, tout petit, où auraient dû se loger les émotions fortes ?