Derrière l'image...
Joyce Carol Oates - Blonde - 1110 p. - Le livre de poche -
Traduction : Claude Seban
4ème de couverture :
"Alors en début de soirée, ce 3 août 1962, vint la Mort, index sur la sonnette du 12305 Fifth Helena Drive. La Mort qui essuyait la sueur de son front avec sa casquette de base-ball. La Mort qui mastiquait vite, impatiente, un chewing-gum. Pas un bruit à l'intérieur. La Mort ne peut pas le laisser sur le pas de la porte, ce foutu paquet, il lui faut une signature. Elle n'entend que les vibrations ronronnantes de l'air conditionné. Ou bien... est-ce qu'elle entend une radio là ? La maison est de type espagnol, c'est une "hacienda" de plain-pied ; murs en fausses briques, toiture en tuiles orange luisantes, fenêtres aux stores tirés. On la croirait presque recouverte d'une poussière grise. Compacte et miniature comme une maison de poupée, rien de grandiose pour Brentwood. La Mort sonna à deux reprises, appuya fort la seconde. Cette fois, on ouvrit la porte.
De la main de la Mort, j'acceptais ce cadeau. Je savais ce que c'était, je crois. Et de la part de qui c'était. En voyant le nom et l'adresse, j'ai ri et j'ai signé sans hésiter."
Mon avis sur ce livre :
Ce livre n'est pas une énième biographie de Marylin Monroe, c'est un roman et il faut le prendre comme tel, même s'il retrace la vie de celle qui devint un mythe. Je ne suis pas particulièrement fan de Marylin, mais j'ai toujours deviné derrière la photo de papier glacé cette fêlure masquée. J'ai choisi ce livre au départ parce que j'adore les romans de Joyce Carol Oates et que sa façon de traiter un tel sujet m'intéressait. Le texte de la couverture est tiré du prologue mais ne reflète pas le roman.
J'ai adoré ce livre qui nous fait pénétrer derrière l'image de l'actrice pour trouver Norma Jean, une femme en perpétuelle recherche d'amour, celui d'un père qu'elle n'a jamais connu et celui de sa mère internée. Une femme faite de contradictions, de souffrances, beaucoup plus cultivée et intelligente que l'image glamour et radieuse qu'elle laissait paraître. Une femme en lutte perpétuelle contre ses démons et ce "vide" qui la rongeait de l'intérieur... C'est cette histoire que j'ai aimée... cette perpétuelle quête de reconnaissance, cette volonté de réussir sa vie et d'être aimée pour elle alors qu'elle n'était réduite qu'à un fantasme hollywoodien. Après avoir lu ce roman, je n'ai plus regardé un film de Marilyn de la même façon, hantée par ces lignes et cherchant à voir... derrière l'image, le fantôme de cette petite fille abandonnée !